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Label ISR : tampon vert, contenu gris

Créé en 2016 pour guider les épargnants vers des placements plus vertueux, le label ISR (Investissement Socialement Responsable) devait être un gage de sérieux. En réalité, il est devenu un passe-partout pour habiller en « responsable » à peu près n’importe quel portefeuille. La preuve ? Jusqu’à récemment, des fonds ISR contenaient des géants du pétrole, du luxe et même des entreprises épinglées pour leur impact environnemental douteux. TotalEnergies, par exemple, a tranquillement figuré dans plusieurs fonds labellisés avant que le scandale ne devienne trop voyant.

Pire encore, le label est attribué sur la base de critères aussi flexibles qu’un chewing-gum en plein soleil. Un fonds n’a même pas besoin d’exclure des secteurs polluants : il suffit de montrer qu’on « prend en compte » des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), même si c’est avec un post-it sur un coin de bureau.

Quant aux critères de sélection, ils relèvent plus du vaudou financier que de la rigueur scientifique : on coche deux cases « bonnes pratiques ESG », on rajoute un PowerPoint avec quelques arbres et hop, un bon gros fonds ISR tout propre, même s’il finance des entreprises qui continuent de creuser la planète comme un gruyère. Pendant ce temps, les épargnants consciencieux investissent dans l’illusion, pendant que les gestionnaires de fonds, eux, investissent dans leur prime annuelle.

Résultat ? L’Autorité des marchés financiers a fini par s’en mêler, et devant la mascarade, un quart des fonds labellisés ont préféré jeter l’éponge en 2023 plutôt que d’essayer de justifier leur étiquette verte. Quand même les imposteurs quittent le navire, c’est qu’il prenait l’eau depuis longtemps.