Passer sa retraite à l’étranger : notre guide complet
Pourquoi passer 6 mois (ou plus) à l’étranger à la retraite ?
Prendre sa retraite, c’est enfin avoir du temps. Et la grande question, c’est où passer ce temps. Certains rêvent d’un jardin bien entretenu en province, d’autres d’un visa longue durée sous les cocotiers. Entre quête d’exotisme et optimisation fiscale, l’idée de vivre six mois ou plus à l’étranger séduit de plus en plus de retraités. Mais au-delà des brochures idylliques et des discours marketing sur « la dolce vita » accessible à tous, qu’en est-il vraiment ?
Optimisation fiscale : mythe ou réalité ?
L’argument numéro un mis en avant par les promoteurs de l’expatriation partielle est souvent d’ordre fiscal. Moins d’impôts, plus de pouvoir d’achat, le rêve ! En réalité, tout dépend du pays d’accueil et de votre situation personnelle. Oui, certains États offrent des régimes avantageux pour les retraités étrangers (Portugal, Maroc, Thaïlande…), mais les conditions sont souvent plus complexes qu’annoncé. Entre les exigences de résidence fiscale, les taxes locales cachées et les éventuelles réformes imprévisibles, la « parfaite optimisation » relève plus du mirage que de la science exacte.
Un coût de la vie (parfois) plus doux
Quitter la France pour six mois peut aussi être une manière de faire durer son capital plus longtemps. Dans certains pays, 2 000 euros mensuels permettent un niveau de vie confortable, alors qu’en France, la même somme suffit à peine à couvrir le quotidien dans certaines grandes villes. L’idée semble alléchante, mais attention aux faux calculs : loyers, frais de santé, assurances privées et fluctuations monétaires peuvent rapidement grignoter les économies attendues.
L’attrait du climat et de la qualité de vie
Quitter la grisaille hivernale pour un soleil quasi garanti, voilà une motivation légitime. L’Andalousie, le sud du Portugal ou encore la côte mexicaine offrent des températures clémentes et un cadre de vie agréable. Mais là encore, la carte postale a ses limites : les infrastructures sont-elles à la hauteur ? La chaleur supportable ? L’accès aux services de santé suffisant ? Passer quelques semaines en vacances ne donne qu’un aperçu partiel de la réalité quotidienne.
Une retraite entre deux mondes
Enfin, il y a l’aspect psychologique : six mois ici, six mois ailleurs, cela signifie ne jamais être totalement ancré quelque part. C’est un mode de vie qui séduit certains et en fatigue d’autres. L’intégration dans une communauté locale peut être compliquée si l’on est perçu comme un « touriste longue durée ». Quant aux allers-retours incessants, ils peuvent finir par peser, tant sur le moral que sur le budget.
Partir vivre six mois à l’étranger à la retraite peut être une excellente idée… à condition de ne pas se laisser aveugler par les promesses trop belles pour être vraies. Avant de tout plaquer pour une vie ensoleillée à moitié prix, mieux vaut faire ses calculs avec rigueur et tester le terrain en conditions réelles.

Les destinations les plus prisées pour une demi-retraite à l’étranger
Le choix du pays d’accueil est sans doute la décision la plus stratégique de cette équation. Entre les promesses marketing des paradis fiscaux, les classements biaisés des « meilleures destinations pour retraités » et la réalité du terrain, il y a un fossé qu’il vaut mieux franchir avec prudence. Voici un tour d’horizon des pays qui reviennent souvent dans les discussions… et ce qu’il faut réellement en penser.
Les destinations « optimisation fiscale » : Portugal, Maroc, Thaïlande
Si vous cherchez avant tout à minimiser vos impôts, ces trois pays sont souvent cités en exemple. Mais attention, car les régimes fiscaux évoluent rapidement et les « petites lignes » des textes de loi sont rarement mises en avant dans les guides pour expatriés.
- Portugal : Pendant longtemps, c’était l’eldorado fiscal des retraités français grâce au statut de « Résident Non Habituel » (RNH), qui permettait une exonération d’impôt pendant dix ans. Mais depuis 2024, la fête est finie pour les nouveaux arrivants. Ceux qui y sont installés avant peuvent encore en profiter, mais pour les autres, l’intérêt fiscal s’est considérablement réduit.
- Maroc : Avantage indéniable pour les francophones, le Maroc offre une exonération sur 80 % des pensions de retraite étrangères imposables. Mais ne vous attendez pas à une fiscalité nulle : il y aura toujours une imposition locale, et l’administration fiscale marocaine peut parfois réserver des surprises aux nouveaux arrivants mal préparés.
- Thaïlande : Soleil, coût de la vie abordable et plages paradisiaques. Fiscalement, la Thaïlande n’impose pas les revenus étrangers… sauf si vous les rapatriez sur place (et encore, cela dépend des années et des interprétations). Le problème ? Les visas sont compliqués et les autorités thaïlandaises peuvent changer les règles du jeu à tout moment, sans préavis.
Les destinations « qualité de vie » : Espagne, Italie, Canada
Parce que la retraite, ce n’est pas seulement une affaire de taxes, certaines destinations offrent avant tout un cadre de vie agréable et un bon équilibre entre confort et coût de la vie.
- Espagne : Avec son climat doux, son système de santé performant et son coût de la vie inférieur à celui de la France, l’Espagne attire énormément de retraités français, notamment en Andalousie et sur la Costa Blanca. L’inconvénient ? Le pays taxe les pensions de retraite françaises, et le régime fiscal local n’est pas des plus attractifs.
- Italie : Moins populaire que l’Espagne, l’Italie propose pourtant des avantages intéressants, notamment un régime fiscal attractif dans certaines régions du sud. Niveau qualité de vie, difficile de faire mieux entre gastronomie, patrimoine et culture. Mais il faut composer avec une administration parfois chaotique et un coût de la vie plus élevé qu’on ne l’imagine.
- Canada : Destination prisée pour son cadre de vie et ses infrastructures modernes, mais clairement pas pour son climat. À noter : il est extrêmement difficile d’obtenir un statut de résident à long terme au Canada en tant que retraité. Ceux qui y vivent souvent le font sous des visas touristiques renouvelés régulièrement… au risque d’un refus un jour ou l’autre.
3. Les destinations exotiques : Bali, Mexique, Costa Rica
Envie d’une retraite hors des sentiers battus ? Ces destinations offrent un cadre idyllique, mais ne conviennent pas à tout le monde.
- Bali (Indonésie) : Un véritable paradis pour certains, mais avec une administration parfois kafkaïenne et une montée du coût de la vie qui peut décevoir ceux qui rêvaient de luxe abordable. Les visas restent une contrainte majeure pour une installation longue durée.
- Mexique : De plus en plus prisé par les retraités nord-américains et européens. Son climat agréable et son coût de la vie attractif jouent en sa faveur, mais il faut bien choisir sa région : la sécurité reste une préoccupation majeure dans certaines zones.
- Costa Rica : Surnommé la « Suisse de l’Amérique centrale » pour sa stabilité politique et économique, le pays attire de nombreux retraités étrangers. Les démarches administratives y sont plus simples que dans d’autres pays de la région, mais le coût de la vie est plus élevé qu’on ne l’imagine.
Choisissez en fonction de ses priorités personnelles
Fiscalité, climat, coût de la vie, sécurité, accessibilité des soins… il n’existe pas de destination parfaite, seulement des compromis à faire en fonction de vos priorités. Avant de faire vos valises, oubliez les classements simplistes et privilégiez une approche réaliste : passez du temps sur place en conditions réelles, analysez le cadre légal et fiscal à jour, et ne misez pas tout sur un « régime fiscal avantageux » qui pourrait disparaître du jour au lendemain.

Fiscalité : la fin des illusions
La règle des 183 jours : une arme à double tranchant
Un mythe persistant veut qu’il suffise de passer moins de 183 jours en France pour échapper à l’impôt français. Mauvaise nouvelle : c’est faux. La résidence fiscale ne dépend pas uniquement du nombre de jours passés à l’étranger, mais d’un ensemble de critères, notamment :
- Votre foyer principal (où vivent conjoint et enfants, si applicable)
- Votre centre d’intérêts économiques (où sont vos comptes bancaires, investissements, etc.)
- Votre activité professionnelle (même si vous êtes retraité, des revenus locatifs en France peuvent suffire à vous rattacher fiscalement)
Bref, sauf à couper complètement les ponts avec la France (et encore), il est fort probable que le fisc continue à vous considérer comme résident français. Résultat : double imposition potentielle et fin du rêve d’une retraite « hors taxe ».
Les conventions fiscales : un labyrinthe administratif
Certains pays ont signé avec la France des conventions fiscales évitant la double imposition sur les pensions de retraite. En clair, vous payez l’impôt dans un seul pays. Mais il y a un hic :
- Certaines conventions (comme avec l’Espagne) vous imposent dans le pays d’accueil.
- D’autres (comme le Maroc) permettent un abattement, mais ne suppriment pas l’impôt.
- Certains pays (comme la Thaïlande) ne taxent pas les pensions étrangères… jusqu’à ce qu’une réforme change la donne du jour au lendemain.
Moralité : avant de foncer tête baissée, mieux vaut consulter un fiscaliste compétent.

Sécurité sociale et couverture santé : le piège des assurances privées
Peut-on conserver la Sécurité sociale française en vivant 6 mois à l’étranger ?
Oui… et non. Tout dépend de votre statut.
- Si vous restez résident fiscal français, vous continuez à cotiser à la Sécurité sociale, donc à bénéficier de la couverture maladie. Mais hors UE, vous devrez avancer les frais de santé et demander un remboursement à la CPAM, souvent partiel et long à obtenir.
- Si vous devenez résident fiscal étranger, la France peut vous exclure du régime général et vous devrez souscrire une assurance privée. Certaines offrent de bonnes garanties, mais à des coûts qui explosent avec l’âge.
Le vrai coût des soins à l’étranger
Passer l’hiver au soleil, c’est bien. Savoir où et comment se soigner en cas de problème, c’est mieux.
- Europe : Avec la carte européenne d’assurance maladie (CEAM), vous êtes couvert dans les hôpitaux publics, mais pas forcément dans le privé.
- Maroc, Thaïlande, Mexique : Des infrastructures médicales de qualité, mais un accès souvent payant et des assurances qui rechignent à rembourser certains actes.
- USA, Canada : À moins d’avoir un portefeuille bien garni, évitez de tomber malade.
Ne pas anticiper ces aspects, c’est prendre le risque de voir ses économies fondre sous une facture hospitalière salée.
![boats docked near seaside promenade]](https://www.cristal-banque.com/wp-content/uploads/2025/03/prb-sjoubfs-1024x683.jpg)
Logement et organisation : Acheter, louer ou faire du nomadisme ?
L’expatriation partielle, c’est aussi une question de logistique. Acheter une résidence secondaire dans un pays « paradisiaque » ? Louer à l’année pour avoir un pied-à-terre ? Opter pour un mode de vie nomade avec des locations saisonnières ? Sur le papier, tout semble envisageable. Dans la réalité, chaque option a son lot de pièges et d’illusions.
Acheter : un pari risqué sous couvert de « bon investissement »
L’argument imparable des vendeurs de rêve : « Acheter, c’est investir ». Sauf que ce raisonnement ne tient que si le marché immobilier du pays en question est stable et liquide. Or, beaucoup de destinations prisées des retraités français n’ont ni l’un ni l’autre.
- En Espagne ou au Portugal, les prix ont flambé ces dernières années, dopés par l’afflux de retraités et d’investisseurs étrangers. Résultat : les bonnes affaires sont rares, et la revente peut être plus complexe qu’on ne l’imagine.
- En Thaïlande ou au Maroc, les réglementations limitent souvent la propriété étrangère. Acheter en nom propre peut être impossible, et les montages juridiques hasardeux finissent par piéger plus d’un expatrié mal informé.
- Sans oublier la fiscalité locale : certains pays taxent lourdement les biens détenus par des non-résidents. Vous pensiez fuir l’impôt français ? Mauvaise nouvelle, certains États savent parfaitement compenser ce « manque à gagner ».
Bref, acheter un bien à l’étranger pour six mois d’occupation annuelle, c’est s’exposer à une rentabilité douteuse, des tracas administratifs et une revente loin d’être garantie.
Louer : flexibilité, mais à quel prix ?
Louer semble être l’option la plus logique. Pas d’engagement à long terme, pas de soucis de revente, et la liberté de changer de destination si l’envie s’en fait sentir. Mais là encore, mieux vaut éviter quelques pièges classiques.
- Les hausses de loyers imprévues : Dans certaines villes prisées, le marché locatif est dominé par les locations saisonnières, ce qui signifie que les propriétaires peuvent vous remercier du jour au lendemain pour récupérer un meilleur tarif avec des touristes.
- La faible protection des locataires : Contrairement à la France, où la loi protège assez bien les locataires, beaucoup de pays permettent aux propriétaires de changer les règles du jeu à tout moment. Un bail « verbal » en Asie ? Mauvaise idée.
- Le manque de garanties pour les étrangers : Certains propriétaires hésitent à louer à des expatriés sans garanties locales. Dans certains pays, il faudra avancer six mois, voire un an de loyer d’un coup.
Louer reste la meilleure option pour éviter les mauvaises surprises financières, mais il faut accepter de ne jamais être complètement « chez soi ».
Le mode nomade : liberté totale ou instabilité permanente ?
Pour les plus aventureux, il y a l’option du nomadisme : enchaîner les locations saisonnières, tester plusieurs pays, ne pas s’attacher à un lieu fixe. Une bonne idée sur le papier, surtout avec la multiplication des plateformes comme Airbnb, mais pas sans contraintes.
- L’instabilité administrative : Se déplacer tous les trois ou six mois implique de jongler avec les visas. Certains pays imposent des sorties de territoire régulières, et d’autres deviennent plus stricts sur les séjours répétés.
- Les coûts cachés : Les locations courtes durées sont souvent plus chères qu’un bail classique. Ajoutez à cela les frais de billets d’avion, d’assurance, de transport sur place… Le nomadisme peut vite devenir plus coûteux qu’une installation fixe.
- La fatigue du mouvement perpétuel : L’euphorie du changement permanent peut vite se transformer en lassitude. À force de refaire ses valises tous les six mois, on finit par ne plus avoir de véritable « chez soi ».
Le bon arbitrage entre liberté et contraintes
Acheter, c’est s’attacher à un lieu avec tous les risques financiers que cela comporte. Louer, c’est accepter de ne jamais être totalement en contrôle. Être nomade, c’est troquer la stabilité contre une vie de logistique permanente. Il n’existe pas de solution parfaite, seulement des arbitrages à faire en fonction de ses priorités. Avant de choisir, mieux vaut tester chaque option sur plusieurs mois pour éviter les désillusions.
Comment réussir son installation temporaire à l’étranger
Partir six mois par an, c’est une belle idée sur le papier. Mais entre la bureaucratie tatillonne, les règles de visa qui changent selon l’humeur des gouvernements et les réalités du quotidien qu’on ne découvre qu’une fois sur place, mieux vaut être préparé. L’expatriation temporaire n’est pas une simple extension des vacances. C’est un équilibre à trouver entre flexibilité et contraintes administratives.
Visa et contraintes administratives : le piège du séjour longue durée
L’erreur classique : croire qu’on peut vivre six mois à l’étranger comme on passe un mois en vacances. Beaucoup de pays imposent des restrictions strictes sur la durée de séjour, et le dépassement peut coûter cher.
- Europe (UE/EEE/Suisse) : Pour les Français, aucun problème, vous pouvez rester indéfiniment dans un pays de l’UE sans formalité particulière. En revanche, au-delà de trois mois, certains pays demandent une inscription auprès des autorités locales (Espagne, Portugal…).
- Maroc, Thaïlande, Mexique : La plupart des visas touristiques autorisent un séjour de 30 à 90 jours. Ensuite ? Il faut sortir du pays et revenir (ce qu’on appelle le « visa run »). Sauf que certains gouvernements se lassent de ces allers-retours et commencent à durcir les règles.
- USA, Canada : On oublie l’idée de rester six mois sans plan précis. Les contrôles aux frontières sont stricts, et un séjour prolongé sans visa adapté peut vous valoir une interdiction de territoire.
Bref, se renseigner sur les conditions d’entrée et de séjour bien avant de boucler sa valise évite les mauvaises surprises à la douane.

Banque et fiscalité : ne pas se faire piéger par les frais cachés
Vivre six mois ailleurs, c’est aussi gérer son argent intelligemment. Le problème ? Les banques adorent facturer des frais discrets sur les retraits et paiements à l’étranger, et les administrations fiscales, elles, n’aiment pas qu’on joue sur plusieurs tableaux.
- Gérer son argent à l’étranger : Ouvrir un compte bancaire local peut être une bonne idée, mais certains pays le compliquent pour les non-résidents. À défaut, des banques en ligne comme Revolut ou Wise permettent d’éviter les frais exorbitants des banques classiques.
- Déclarer ou ne pas déclarer ? : Si vous transférez régulièrement de l’argent entre la France et un pays étranger, attendez-vous à attirer l’attention des impôts. Certaines transactions peuvent être soumises à déclaration automatique entre banques.
- Ne pas tomber dans la double imposition : Selon les conventions fiscales, votre pays d’accueil pourrait réclamer une part de vos revenus. L’illusion d’un exil fiscal parfait s’effondre souvent à ce stade.
Anticiper ces aspects financiers permet d’éviter les mauvaises surprises et de ne pas voir ses économies partir en frais bancaires, avantages fiscaux illusoires et en taxes imprévues.
Adaptation et intégration : entre rêve et réalité
Quitter la France six mois par an, ce n’est pas juste une question d’administration et de finances. C’est aussi une expérience humaine. Et selon les destinations, l’intégration peut être plus ou moins simple.
- La barrière de la langue : En Espagne ou au Portugal, il est facile de trouver une communauté francophone. Mais au-delà, si vous ne parlez pas la langue locale, attendez-vous à être perçu comme un touriste permanent.
- Le choc culturel : Certaines réalités locales sont très éloignées des standards européens. Services publics inefficaces, lenteur administrative, différences culturelles sur des sujets aussi basiques que la ponctualité ou le bruit ambiant… mieux vaut s’y préparer.
- L’isolement social : Passer six mois sous le soleil, c’est bien. Se retrouver sans repères ni entourage, c’est une autre histoire. Certains expatriés finissent par ressentir un vrai manque de lien social, surtout si leur entourage est resté en France.
Mieux vaut voir ces six mois à l’étranger comme une phase d’adaptation progressive, plutôt qu’un saut dans l’inconnu basé sur des fantasmes d’expatriation idéale.
Une installation qui se prépare bien en amont
Réussir son installation temporaire à l’étranger, ce n’est pas juste une question de billets d’avion et de location saisonnière. C’est un équilibre à trouver entre contraintes administratives, gestion financière et adaptation culturelle. Ceux qui improvisent découvrent souvent, trop tard, que le quotidien d’un expatrié temporaire ne ressemble pas toujours aux clichés d’une retraite idyllique sous les tropiques.
Les pièges à éviter et erreurs courantes
Partir six mois à l’étranger pour sa retraite, c’est un projet qui fait rêver. Mais entre les belles promesses des agences spécialisées, les conseils hasardeux des forums d’expatriés et la réalité du terrain, le choc peut être brutal. Beaucoup de retraités commettent les mêmes erreurs, souvent par excès d’optimisme ou manque de préparation. Tour d’horizon des pièges classiques à éviter.
Se baser sur des informations obsolètes ou incomplètes
La fiscalité change. Les régimes de visa évoluent. Les coûts de la vie grimpent. Ce qui était vrai il y a cinq ans ne l’est peut-être plus aujourd’hui. Trop de retraités prennent des décisions basées sur des blogs dépassés ou des conseils glanés sur Facebook.
- L’exemple du Portugal : Pendant des années, le pays offrait une exonération fiscale de dix ans aux retraités étrangers. En 2024, cette niche a été supprimée pour les nouveaux arrivants. Résultat : ceux qui pensaient éviter l’impôt en déménageant se retrouvent à payer plus que prévu.
- Les visas qui se durcissent : Certains pays, lassés du « visa run » des étrangers, ont commencé à restreindre les séjours prolongés. En Thaïlande, les contrôles sont plus fréquents et les renouvellements de visa touristiques plus incertains.
- Le coût de la vie qui explose : Les destinations « bon marché » attirent de plus en plus d’expatriés… et les prix suivent. Certains quartiers de Lisbonne, autrefois abordables, sont devenus inaccessibles pour un budget de retraite moyen.
Règle d’or : toujours vérifier les informations auprès de sources officielles et à jour avant de prendre une décision.
Surestimer les économies réalisées
On entend souvent que « vivre à l’étranger coûte moins cher ». Oui… mais pas partout, et pas pour tout.
- Les assurances santé : À moins d’être dans un pays de l’UE avec un système de santé public accessible, il faudra souscrire une assurance privée. Pour un retraité, la facture grimpe vite, et certains contrats excluent des pathologies liées à l’âge.
- Les frais cachés : Location, caution, connexion internet, trajets en avion, frais bancaires… Ces petites dépenses accumulées peuvent rendre la vie à l’étranger plus coûteuse qu’espéré.
- Les allers-retours en France : Beaucoup de retraités sous-estiment leur attachement à leur pays d’origine. Résultat : ils multiplient les allers-retours pour voir leur famille, ce qui représente un budget conséquent sur l’année.
Avant de partir, mieux vaut faire un vrai budget détaillé, en incluant toutes les dépenses, y compris celles qu’on a tendance à oublier.
Sous-estimer l’impact psychologique et social
Partir, c’est facile. Mais vivre entre deux pays, c’est une autre histoire.
- L’impression d’être un éternel touriste : En passant six mois ici, six mois là-bas, on n’est jamais vraiment « chez soi ». Certains adorent cette liberté, d’autres finissent par se sentir déracinés.
- L’éloignement de la famille et des amis : Un point que beaucoup sous-estiment. Vivre loin, c’est rater des événements familiaux, voir ses petits-enfants grandir de loin, et parfois ressentir une vraie solitude.
- L’intégration difficile : À moins de parler la langue du pays de résidence, s’intégrer dans une communauté locale peut être un défi. Beaucoup d’expatriés se retrouvent dans des cercles fermés entre étrangers, ce qui limite l’expérience du pays d’accueil.
Avant de prendre la décision définitive, il vaut mieux tester la vie sur place plusieurs mois et voir si le mode de vie correspond vraiment à ses attentes.
Croire que l’expatriation est un remède miracle
Changer de pays ne règle pas tout. Certains retraités pensent qu’en quittant la France, ils échapperont à tous leurs problèmes : impôts, coût de la vie, météo maussade… mais la réalité les rattrape vite.
- Les contraintes administratives restent là : La bureaucratie française a mauvaise réputation, mais elle n’est pas forcément pire qu’ailleurs. Certains pays ont des démarches encore plus complexes, et en langue étrangère.
- Le paradis fiscal n’existe pas : Où que vous alliez, il y aura des taxes, des frais, et des obligations légales à respecter. Personne n’échappe totalement à l’impôt.
- Le quotidien reste du quotidien : Ce n’est pas parce qu’on vit sous les palmiers que tous les problèmes disparaissent. La vie à l’étranger a aussi son lot d’irritants : différences culturelles, administration lente, infrastructures parfois aléatoires…
Bien réfléchir avant de sauter le pas
S’expatrier six mois par an peut être une excellente idée… si c’est fait avec lucidité. Ceux qui réussissent sont ceux qui ont pris le temps d’analyser chaque aspect du projet, de tester la vie sur place avant de s’engager et de garder une marge de manœuvre en cas d’imprévu. Partir, oui. Mais pas en fermant les yeux.
Un luxe ou une fuite : partir pour mieux revenir ?
S’expatrier six mois par an, c’est bien plus qu’une décision fiscale ou un simple choix de destination. C’est une mise à l’épreuve de son attachement à ses racines, une redéfinition de ce que signifie « chez soi ». Beaucoup partent avec l’idée d’une nouvelle vie, convaincus d’avoir trouvé l’équilibre parfait entre confort, soleil et coût de la vie réduit. Pourtant, une fois l’excitation des premiers mois passée, la réalité rattrape certains : l’éloignement des proches, la perte de repères culturels, une impression diffuse de ne jamais être totalement ici ni complètement là-bas.
Car si partir offre une nouvelle perspective sur le monde, cela permet aussi – et surtout – de mieux comprendre ce qui nous rattache à un endroit, à une langue, à une manière de vivre. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si tant de retraités expatriés finissent par revenir, parfois après plusieurs années, mûris par l’expérience, mais avec la certitude que l’expatriation n’était pas forcément le remède qu’ils espéraient.
Finalement, partir ne serait-il pas avant tout un moyen de redécouvrir ce que l’on avait sous les yeux depuis toujours ? Peut-être que le véritable luxe de la retraite, ce n’est pas de fuir un pays, mais d’apprendre à l’aimer différemment, en prenant juste assez de recul pour mieux y revenir.
