Yomoni, Nalo, Ramify, Goodvest : ces fintech qui bousculent l’assurance vie
L’assurance vie reste aujourd’hui le placement favori des Français. À la fois souple, fiscalement avantageuse et transmissible, elle constitue un pilier de l’épargne à long terme. Pourtant, pendant des décennies, elle a été l’apanage des réseaux bancaires traditionnels, avec leurs contrats complexes, leurs frais opaques et leurs performances souvent médiocres.
Depuis quelques années, une nouvelle génération d’acteurs émerge et redéfinit les standards du secteur. Portées par le vent de la digitalisation et une volonté de transparence, des fintechs comme Yomoni, Nalo, Ramify et Goodvest remettent à plat la manière dont on investit via une assurance vie. Leur promesse ? Une gestion pilotée accessible, simple d’utilisation, avec des frais réduits et une exposition moderne aux marchés via des ETF. Des solutions pensées pour le grand public, mais qui soulèvent aussi quelques limites à connaître.
Ces fintechs, bien que résolument tournées vers le numérique, ne sont pas des OVNI. Elles s’inscrivent dans un cadre réglementaire rigoureux, travaillent avec des assureurs établis, et se positionnent comme une alternative crédible aux circuits traditionnels. Mais que valent-elles vraiment ? En quoi diffèrent-elles les unes des autres ? Et sont-elles adaptées à tous les profils d’épargnants ? Décryptage.
La fin du contrat type : vers une gestion pilotée personnalisée
Des portefeuilles adaptés au profil de l’épargnant
L’une des principales ruptures opérées par ces plateformes est la fin de la gestion figée, peu engageante, des contrats d’assurance vie classiques. Yomoni a été l’un des pionniers en France à proposer une gestion pilotée entièrement en ligne, appuyée par une allocation dynamique fondée sur le profil de risque de l’épargnant. Nalo, de son côté, innove en allant plus loin : chaque projet d’investissement (achat immobilier, retraite, transmission) donne lieu à un portefeuille distinct, adapté à l’horizon temporel et aux besoins identifiés. On sort ainsi d’une approche générique pour entrer dans une logique plus proche des projets de vie individuels.
Ramify adopte une posture hybride, entre digitalisation et accompagnement humain, en intégrant des conseils fiscaux personnalisés dans l’expérience utilisateur. Goodvest, enfin, ancre sa proposition dans l’investissement responsable : ses portefeuilles excluent systématiquement les secteurs non compatibles avec l’accord de Paris, et son algorithme d’allocation intègre une analyse d’impact climatique.
Une promesse séduisante, mais standardisée
Un modèle efficace mais non sur mesure
Ces gestions pilotées restent toutefois des solutions relativement standardisées : l’allocation définie derrière chaque profil de risque est la même pour tous les clients. Ce modèle, s’il est moins personnalisé qu’une gestion sur mesure, offre néanmoins une solution accessible et intéressante pour le grand public.
Pour ceux qui souhaitent un retour plus détaillé sur l’une de ces solutions, vous pouvez consulter cet avis sur l’assurance vie pilotée par Yomoni, qui en explore les avantages et les limites.
Il convient cependant de rappeler que ces services ne remplacent pas l’expertise d’un cabinet de conseil en gestion de patrimoine indépendant tel que Prosper Conseil. Là où les fintechs proposent des allocations pilotées fondées sur des modèles statistiques, un CGP peut offrir un accompagnement global, intégrant fiscalité, succession, immobilier, et stratégie patrimoniale de long terme. C’est notamment le cas du service de « gestion conseillée » de Prosper Conseil, qui propose un suivi plus approfondi et une approche sur mesure, adaptée à la situation de chaque client.
L’ETF comme catalyseur de performance
Frais réduits, diversification maximale
Ces fintechs partagent un point commun fondamental : l’utilisation massive des ETF (fonds indiciels cotés). Cet outil, longtemps ignoré du grand public français, permet une exposition diversifiée aux marchés mondiaux à moindres frais. Là où les contrats traditionnels facturent souvent 2 % de frais annuels, les gestionnaires pilotés de ces nouvelles plateformes gravitent autour de 1,6 % voire moins, tout compris.
Une philosophie d’investissement long terme
Mais la promesse ne se résume pas à une réduction des frais. L’usage des ETF traduit une philosophie d’investissement long terme, rationnelle et débarrassée des prétentions de « timing de marché ». Yomoni, par exemple, mise sur une allocation stratégique très diversifiée et faiblement arbitrée, tandis que Ramify adopte une approche plus opportuniste, en ajustant ses pondérations selon les cycles économiques.
Goodvest ajoute une dimension ESG forte à ses ETF, en sélectionnant uniquement des fonds notés sur leurs performances environnementales, sociales et de gouvernance. Ce filtrage ajoute une couche d’analyse, qui ne va pas sans débats : peut-on conjuguer performance et responsabilité sans compromis ? Les premiers retours semblent encourageants.
L’humain reste au cœur du modèle
Du conseil, même en ligne
Malgré leur ADN digital, aucune de ces plateformes ne mise exclusivement sur l’automatisation. Nalo et Ramify, notamment, proposent un accès direct à des conseillers, souvent issus du monde de la gestion de fortune, capables d’apporter un regard personnalisé sur des situations spécifiques. Loin d’une gestion patrimoniale complexe, ces échanges permettent surtout d’apporter de la clarté aux épargnants qui souhaitent comprendre comment leur argent est investi.
Cette hybridation des modèles, entre algorithmique et humain, permet à ces fintechs de s’adresser à une large population : jeunes actifs, familles en constitution d’épargne, pré-retraités, indépendants. Chacun peut trouver une porte d’entrée vers l’investissement, sans passer par la case banque privée.
Une réglementation qui encadre, mais n’étouffe pas
Un cadre réglementaire strict
Ces courtiers en ligne ne sont pas des francs-tireurs : ils sont réglementés comme conseillers en investissements financiers (CIF) et courtiers en assurance. Leur sérieux opérationnel, leur transparence sur les frais, et la solidité de leurs partenaires assureurs (Suravenir, Generali, Apicil…) leur permettent de gagner la confiance des épargnants.
Ce cadre leur impose une responsabilité : celle de la clarté, de la diligence dans le conseil, et de la robustesse de leurs algorithmes. Le fait qu’ils soient jeunes ne signifie pas qu’ils soient légers. Bien au contraire, leur crédibilité repose sur une rigueur accrue, car le secteur financier ne pardonne pas l’amateurisme.
Un avenir ouvert : vers une finance plus intelligible et engagée
En résumé, Yomoni, Nalo, Ramify et Goodvest défient le statu quo non pas par provocation, mais par pertinence. Ils répondent à un double besoin : rendre l’investissement accessible et lisible, tout en lui donnant du sens. Leur succès ne tient pas qu’à leurs outils, mais à la vision qu’ils déploient : une finance plus humble, au service des projets de vie, et alignée avec les enjeux contemporains.
Ce mouvement ne fait que commencer. Il oblige les acteurs historiques à se repenser, et incite les épargnants à s’interroger : que voulons-nous vraiment faire de notre argent ? Investir, c’est choisir. Et ces fintechs nous rappellent que choisir, c’est aussi comprendre.

